Les modèles vertueux
Aujourd’hui la logique d’aménagement tend plutôt à préserver les espaces non bâtis, tandis que les projets de créations de villes nouvelles sont largement contestés par l’opinion publique. Pourtant, chaque année, des projets à l’international de villes nouvelles, souvent pensés par des architectes européens par ailleurs, sont publiés et mis en avant. Au programme de ces giga-projets : innovations ultra-technologiques au service de l’écologie et bien souvent dans le but de résoudre les problèmes que les autres villes ont causés.
C’est le cas d’un projet urbain situé à côté de Liuzhou en Chine. Imaginé par l’architecte italien Stefano Boeri, ce projet, initié en 2017, a pour objectif de créer une ville-forêt ultra-écologique. Ce sont en tout 70 édifices recouverts de plantations et reliés par parcs et jardins sur les 175 hectares qui vont bientôt accueillir environ 30 000 habitants. Un système urbain qui sera en capacité d’être autonome en énergie verte via la géothermie et le solaire et qui pourra absorber, grâce à la végétation, 10 000 tonnes de CO2 par an. Dans un pays où la pollution est un fléau dans de nombreuses villes, la construction de cette dernière est en partie réalisée pour absorber la pollution des villes voisines. À l’instar des villes nouvelles françaises, mais sous un aspect différent, cette dernière vient guérir celles qui l’entourent.
Cette recherche de la construction de la cité utopique qui résoudrait les maux de notre société, a rythmé l’imaginaire et les constructions humaines depuis la sédentarisation de l’homme.
Pourtant, la construction de ces villes salvatrices pose question : dans une logique de maîtrise de l’étalement urbain, construire de nouvelles villes, autant écologiques qu’elles soient, est-il vraiment une solution idéale ? La destinée utopique de ces villes est-elle encore d’actualité aujourd’hui et à quelle fin ?